Christian LAPIE à Chauny.
Vernissage le vendredi 30 mars à partir de 18h.
Le point du jour, place du Louvre, mai 2017
Christian Lapie a étudié à l’École des Beaux-Arts de Reims 1972-1977, puis à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris 1977-1979. D’abord peintre, il utilise de la craie, des oxydes, des cendres sur de grossières bâches montées sur des châssis rudimentaires. Puis les matériaux évoluent et deviennent tôles, ciment, bois calcinés.
C’est un séjour de création dans la forêt amazonienne qui lui donne l’élan de passer aux sculptures monumentales. En Champagne où il vit, des figures de bois brut et calciné viennent illustrer l’histoire sanglante de cette terre de combats de la Première Guerre mondiale. Universelle, sa thématique est riche d’une réflexion sur notre rapport au monde et à notre propre identité. Ses techniques de travail, élémentaires, voire rudimentaires, scellent l’image mémorable, tout à la fois proche et lointaine, d’un irréductible "être au monde". Les artistes qui vouent leur œuvre à l’intervention sur le paysage sont, par la force des choses, des artistes nomades. Christian Lapie n’échappe pas à la règle : depuis une dizaine d’années, il est appelé à intervenir dans le monde entier : au Japon ("Fort 61", au parc de sculptures d’Echigo Tsumari), en France ("La nuit recule", exposée par la Fondation Salomon, Alex ; "Le pupitre des Étoiles", Parc de Sceaux), au Canada ("The Crow’s Nest", Castle Park), en Belgique ("Le surgissement des ombres", Château musée de Gaasbeek), en Inde ("In Path of the Sun and the Moon", Jaipur).
L’œuvre de Christian Lapie questionne notre mémoire individuelle et collective. Ses installations de figures spectrales naissent sur des lieux choisis, empreints d’histoire. Ses sculptures ont une même façon d’occuper l’espace. Elles l’investissent. Elles l’emplissent. Sans bras ni visage, silencieuses et puissantes, elles interrogent et déstabilisent. Parce qu’il est arbre, l’homme de Christian Lapie est souvent immense, surplombant le spectateur, sans l’inquiéter, estime l’artiste, malgré sa stature et sa noirceur, car il y a quelque chose de rassurant, de pacifique, dans la compagnie des arbres. Telles des sentinelles placides et immuables, ils témoignent d’un passé, incarnent une souvenance vécue à l’échelle personnelle comme une humanité.
"Mes sculptures ne sont pas des œuvres-objets. Chaque œuvre est une réponse à une invitation. Je travaille toujours en relation avec les personnes qui m’invitent. L’important c’est d’être invité quelque part pour penser et créer ces figures dans un nouveau contexte. Les commanditaires viennent vers moi en me racontant leur souhait, en décrivant leur terrain, leur histoire, leur famille, leur forêt... Et moi, je me laisse flotter à l’intérieur de ça. J’accroche des éléments. Je propose une mise en espace des figures pour que la magie opère. Il faut de l’humain, absolument, dans mon travail. Sans humain, ça ne marche pas. D’ailleurs si je n’avais pas de projet, je ne réaliserais pas d’œuvres. Toutes les œuvres sont faites pour des projets. Il faut toujours qu’il y ait une relation humaine." Christian Lapie