dimanche, 2 février 2025
http://arts-plastiques.ac-amiens.fr/784-la-chaap-du-college-jean-racine-de-chateau-thierry.html
Depuis la rentrée de septembre 2023, le collège Jean Racine propose une CHAAP (Classe à Horaires Aménagés Arts Plastiques). Cette option artistique est un approfondissement du programme d’arts plastiques enseigné au collège. Plusieurs CHAAP existent au sein de l’Académie, et ont chacune une spécificité. Celle du Collège Jean Racine de Château-Thierry propose des pratiques et des questionnements ouverts sur l’art au sens le plus large possible.
M. Smith, enseignant en arts plastiques et M. Julien, enseignant en français et détenteur d’une spécialité histoire des arts proposent un co-enseignement. L’objectif est de trianguler les échanges et les regards avec les chaapiens pour épaissir les propos, les rendre plus riches. En effet, nous ne sommes pas toujours d’accord entre nous, les chaapiens se positionnent, prennent parti, débattent. Nos regards sont aussi complémentaires par les références proposées en lien avec les projets des chaapiens.
Cette complémentarité ouvre les possibles. Nous cherchons à décloisonner les savoirs. Nous sommes à l’affut des passages ; passages entre les disciplines, passages entre les époques, passages entre les domaines artistiques… Bref, nous cherchons à faire de la CHAAP un territoire ouvert sur l’artistique au sens large. J’insiste sur la notion de territoire, la chaap est une surface où la liberté de circuler s’exerce, car ce sont bien les chaapiens qui font leur chemin quitte parfois à nous faire aborder des parties connues de la carte ! Nous, enseignants, nous les suivons pour les accompagner. Nous ne sommes pas devant, mais bien, tels des bergers, des facilitateurs de leurs projets/chemins artistiques.
Nos partenaires sont d’ailleurs ouverts sur des pratiques artistiques riches : L’échangeur, Centre de Développement National Chorégraphique et Lizières, Centre de ressources de cultures et d’arts contemporains. La danse d’un coté, les arts plastiques au sens large de l’autre (poésie, musique… Ramuntcho Matta, directeur de Lizières, est un artiste « multimédium » comme le définit son ami Chris Marker).
L’échangeur nous offre deux moments forts dans l’année : le festival « c’est comme ça » (octobre) et le festival « Kidanse » dédié aux jeunes publics (mars). Les ateliers de pratique de danse nourrissent alors ces spectacles et inversement.
Lizières, lieu situé à Epaux-Bezu dans l’ancien château, est un lieu où les oeuvres nous accueillent dans une atmosphère unique, pour un travail qui l’est tout autant. L’année dernière nous avons pu passer toute une journée pour travailler avec quatre artistes.
Nous sommes attentifs à toutes les rencontres avec le monde de l’art : l’histoire de l’art (dans les musées) mais aussi et surtout sur le monde artistique d’aujourd’hui, celui qui actualise les possibles du présent. L’année dernière, les chaapiens ont pu rencontrer entre sept et neuf artistes (selon s’ils ont ou non participé à l’atelier danse à L’échangeur durant les vacances de février).
Tels ces chaapiens qui sont volontaires pour aller danser durant les vacances, nous tentons de créer un contexte favorable à l’initiative, à l’enthousiasme… Ici, on crée, on erre, ce que je fais me renseigne sur ce que je cherche, on laisse faire pour développer des idées, surtout si ces idées ne sont pas claires. Le processus de création est sans cesse questionné au travers cette pédagogie par projet. Nous faisons confiance à nos chaapiens et ils nous le rendent bien !
Avec le recul d’un an et demi, nous observons qu’ils sont et restent curieux de la nouveauté, qu’ils agissent devant l’inconnu, qu’ils ne se sentent pas dépassés par l’incompréhension d’un spectacle de danse, mais sculptent leur regard pour donner du sens, leur sens par l’acquisition d’un vocabulaire et de manières de penser propres à chacun… Les chaapiens explorent les domaines artistiques ouvertement. Quand Celine Walter, poétesse, lit son premier poème publié et que Clementine M. lève la main pour lui dire que son texte lui fait penser à une oeuvre vue en classe précédemment en argumentant, tout cela montre qu’ils ne cloisonnent pas. Et quand lors du voyage à Chaumont-sur-Loire, au centre d’art, les élèves sont amenés à réaliser un projet dans la forêt et qu’au moment de parler des choix effectués ils proposent spontanément un poème pour accompagner leur sculpture, ils sont dans cette plasticité des pratiques.
Là est l’esprit de cette CHAAP : l’enthousiasme de porter devant soi ses intentions, son engagement artistique pour s’affirmer artistiquement. S’affirmer ne signifie pas, prendre la place des autres, mais bien assumer ses choix et exister au sein d’un groupe où la singularité de chacun donne la richesse aux questionnements. Comment s’affirmer sa singularité en acceptant celle de l’Autre ? Comment donner confiance en soi ? Comment penser le travail artistique dans le processus de travail (place de l’erreur…) ? Comment devenir soi et apprendre à se connaitre pour se dépasser et se surprendre soi même ? Voilà quelques questionnements que nous traitons ensemble.
Pour toute autre information : edouard-gabriel.smith ac-amiens.fr
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