Arts plastiques

Au bord du rêve au collège Pasteur (NOYON)

mercredi, 14 septembre 2016

http://arts-plastiques.ac-amiens.fr/389-au-bord-du-reve-au-college-pasteur-noyon.html

Une exposition présentée dans le cadre de la valorisation du 1% culturel réalisé par Anne Brégeaut.

Vernissage le 15 septembre 2016 à 17h15.
Exposition ouverte jusqu’au 19 octobre.

Galerie du Collège Louis Pasteur
143 rue Jean Moulin
60 400 NOYON

Tel : 03 44 09 41 90

...."La vie quotidienne est la source inépuisable des thématiques qui jalonnent l’œuvre. Cette vie « grisaille » est passée au crible de la vision d’Anne Brégeaut qui en révèle les problèmes et les souffrances vécus au quotidien à travers des images hybrides qui « essaient de déborder le réel »[2] par le biais d’emprunt de différents objets – une tasse (« La dispute », 2006), un vase (Le petit vase vert », 2013), une chaise (« Le costume », 2012), etc. – et en laissant la peinture ou le dessin contaminer l’espace réel en sortant du cadre traditionnel du tableau pour se répandre sur le mur. Pourtant Anne Brégeaut démontre son désir de faire de ses œuvres des lignes de fuite permettant d’infecter cette vie de tous les jours par les fictions de l’art, rendant ainsi la vie plus poreuse aux inventions de l’imaginaire, du rêve et de la pratique artistique ou littéraire. Aux espaces domestiques qui façonnent nos comportements humains, largement représentés dans l’œuvre d’Anne Brégeaut sous la forme d’innombrables maisons et éléments de mobilier, un autre lieu se singularise et devient exemplaire de la possibilité, voire de la nécessité, du dépaysement. Ce lieu est le « pays du jamais-jamais » qui est le titre d’une peinture de 2010 et celui de l’exposition monographique de l’artiste en 2013[3], un « Neverland » faisant référence à la fois à la culture populaire à travers le personnage de Peter Pan ou au célèbre ranch de Michael Jackson, mais aussi à la haute culture littéraire et philosophique à travers l’Utopie de Thomas More. Néanmoins, comme c’est toujours le cas dans le travail d’Anne Brégeaut, le « pays du jamais jamais » met en exergue une ambiguïté fondamentale : il incarne en même temps le danger de l’enfermement dans l’imaginaire et de la difficulté à faire face à certains aspects de la vie réelle. Le regard de l’artiste semble aussi se diriger vers une autre sorte d’ailleurs, porteur de rêves également ambigus, celui de l’ouest américain, évoqué à travers la montagne désertique du « Pays des souvenirs » ou la gondole vénitienne rappelant les décors échelle un de Las Vegas (« Le mirage », 2013). Certains lieux sont spécifiquement nommés : « Hollywood » (2014) ou « Beverly Hills » (2012) mettent alors en abîme tout un pan de l’histoire du cinéma et de la télévision, nous renvoyant au rôle clé joué par la fiction dans la construction de toutes nos représentations. Ils délimitent aussi l’imaginaire familier d’un American Dream.

Malgré une évidente économie de moyen (planches de bois, peinture acrylique, gouache, pâte à modeler, quelques objets épars), Anne Brégeaut invente donc sans cesse de nouveaux usages de l’espace qu’elle a à sa disposition, avec la plus grande irrévérence à l’égard des rapports d’échelle et des hiérarchies traditionnelles. Au delà des objets, le spectateur est invité à prêter attention aux espaces qui les séparent. C’est bien l’espace qui est au cœur de l’œuvre d’Anne Brégeaut et à travers lui, la question de l’errance, du voyage et de la trajectoire personnelle. On remarque ainsi dans son travail le motif récurrent du labyrinthe, que l’on observe sous forme d’installation dans l’exposition « j’étais sur le point de m’endormir » en 2009, et sous forme de dessin ou de peinture murale (« la mauvaise direction » 2012 et 2013). L’enjeu de la « mauvaise direction » est bien celui de la perte de repères, l’impossibilité de retrouver son chemin, au propre comme au figuré. Anne Brégeaut affirme ainsi son souhait, à travers ses œuvres, de mettre en lumière « la fragilité des choses ainsi que celle de notre regard »[4], une ambition à la fois modeste et pourtant urgente aujourd’hui."

Vanessa Desclaux, Janvier 2015

Extrait du texte publié sur le site d’A.Brégeaut : http://www.annebregeaut.com