mercredi, 27 novembre 2013
http://arts-plastiques.ac-amiens.fr/105-la-main-invente-le-dessin-a-l-abbaye-de-saint-riquier.html
Marc Couturier, Daniel Dezeuze, Helmut Federle, Roland Flexner, Gilgian Gelzer, Didier Mencoboni, Bernard Moninot, Gabriel Orozco, Yazid Oulab, Paul Pagk, Laurent Pariente, Michel Paysant, Carmen Perrin, Anne-Marie Schneider, David Tremlett. dessins et œuvres du frac picardie et du centre national des arts plastiques – ministère de la culture et de la communication.
Jusqu’au 2 février 2014.
" Il y a plus de 37000 ans, des hommes ont enfoui l’empreinte de leurs mains au plus profond de quelques grottes. Encore énigmatiques et découvertes il y a peu, ces traces pariétales attestent de l’intérêt porté à ce qui est point de contact, outil, signe d’existence ou marque d’une identité. Dans l’histoire de l’art et des formes, la main esquisse, traduit ou signe, offre la capacité de transformer le monde et d’émouvoir. Elle formalise tout dessein de l’esprit.
« La main est action : elle prend, elle crée, et parfois on dirait qu’elle pense. » écrira Henri Focillon (l’Eloge du dessin, 1934). Parce que sans elle, la pensée pourrait demeurer orpheline, la main placée au cœur même de la création concentre toute tension. A chaque geste, elle insuffle une dynamique. Si le trait, doux, sec, existe pour lui-même par son énergie, son rythme ou son instantanéité, la ligne nerveuse ou fluide peut s’égarer, délimiter une forme, se faire écriture et temporalité, se prolonger jusqu’à l’entreprise démesurée de représenter le monde.
Chaque artiste appréhende la main de façon différente, la portraiture en d’infinies postures pour en divulguer les forces intérieures ou le contour. A d’autres moments, elle s’absente et se révèle par l’empreinte de la paume et de ses doigts. Parfois, elle agit dans le cadre d’une performance paroxystique dont le visiteur éprouve la durée dans chaque geste.
Dans l’exposition, les dessins s’éloignent peu à peu de tout référent figuratif pour investir les dimensions de l’espace et du temps : sur une feuille des signes prolifèrent pour inventer un paysage, sur une autre, des traits structurent, mesurent et rythment une étendue. D’autres feuilles s’affranchissent de la main dans des dispositifs inédits ou insolites qui permettent aux tracés et aux formes d’advenir. Le vent, les yeux, le souffle… en sont alors des substituts parmi bien d’autres.
Les artistes inventent et rejouent éternellement les modalités d’apparition du dessin, l’instituant comme un acte autonome et singulier. Avec ou sans crayon, sur et hors papier, le dessin n’a de cesse de s’émanciper et de varier ses expansions pour s’inventer avec ou sans la main comme complice. "
Texte FRAC PICARDIE.